dimanche 30 novembre 2014

Devenir paysan, devenir résistant?

Devenir paysan aujourd'hui, c'est aller à l'envers de la croissance, à l'envers de la logique d'ascension sociale, à l'envers de la mondialisation économique.

Devenir paysan c'est s'ancrer dans un territoire et en cultiver la terre avec ses mains et ses outils. Quand on vient de la ville, quand on vient d'autres milieux, travailler la terre de ses mains a été oublié. Il faut y retourner. Il faut dire non aux conforts des métiers de bureau (climatisation, salaire, dépendance alimentaire, transports en commun, hiérarchie) et se plier aux lois de la nature (météo, revenus de la récolte, outils, travail de la terre). Il faut refuser certaines évolutions sociales pour revenir à des valeurs simples et ancestrales, pas toujours comprises par nos concitoyens.

Devenir paysan, en partant de rien, c'est s'inscrire dans des modèles économiques nouveaux, ou les échanges sociaux devancent les échanges économiques. C'est assurer la pérennité d'une vie de labeur au travers de la solidarité humaine et de la confiance. Pour vivre de son agriculture en s'installant sans prendre le risque d'échouer trop facilement, le paysan doit sortir des règles de marché habituelles et se constituer un groupe de citoyens qui l'accompagne fermement en échange d'une nourriture saine dans un approvisionnement régulier et de qualité.

Le paysan nouveau devient solidaire en prenant la responsabilité de l'approvisionnement de citoyens de proximité dans un rapport de confiance qui ne nécessite pas de cahier des charges ou de contrôle. Devenir paysan c'est restituer l'essentiel dans un contexte concret et visible, c'est redimensionner la consommation de nourriture pour que la production soit à taille humaine.

Devenir paysan c'est résister pour toutes ces raisons, c'est résister de manière très puissante car la résilience offerte au territoire par le paysan vivrier permet d'amortir les crises qu'elles quelles soient.

Thomas Jefferson disait qu'un état n'était réellement démocratique que si 20% de sa population vivait de manière autonome sur de petites fermes. Ces paysans, suffisamment indépendants, pourraient dire à un gouvernement d'oppression d'aller se faire voir ailleurs. 

N'oublions pas que la société actuelle détruit les paysans, au profit d'exploitants de grandes envergures peu nombreux qui ont notre souveraineté alimentaire en leurs mains.

dimanche 2 novembre 2014

Ma ferme représente

En Ile-de-France :
0,02% des fermes
0,14% des petites fermes
0,5% de celles qui cultivent en bio

0,61% des producteurs de légumes 
1,1% des producteurs de légumes bio

0,0007% des terres (encore) agricoles
0,04% des terres cultivées en maraichage
0,8% des terres cultivées en maraichage biologique
0,04% des terres cultivées en Bio

Elle représente également approximativement le quart des installations de maraichers, 2% des installations d'agriculteurs.

Sources :
GAB, Groupement des Agriculteurs Bio (observatoire 2013)
Agreste, ministère de l'agriculture (estimation 2013)
Chambre d'agriculture régionale


La terre

La première chose qu'on te demande quand tu annonces que tu deviens paysan, c'est : tu as de la terre? Tu t'installes où? Quelle surface?

Mais... Quand un citadin comme moi s'engage dans ce projet, il n'a pas de terre! Et il y a bien d'autres choses à réaliser également. Toutefois : il faut qu'il la trouve...

Alors on déploie une stratégie qui, avec le temps, se diversifie, on développe des techniques insoupçonnées, on arrache des solutions de l'au-delà.

Les sites des agences immobilières ou PAP pour commencer : ne présentent que des fermes à la découpe, parfois avec un peu de terre, bien souvent dans un sale état et hors de prix : incapable de produire quoi que ce soit. Mais les perles rares peuvent exister et la chance sourire à chacun.

La SAFER, institution de la recherche de foncier agricole, propose sur son site des sous descriptions d'exploitations agricoles (dimensions, statut d'urbanisme et présence de bâtiments)ou de terres qui font parfois rêver avant de recevoir le dossier qu'il faut obligatoirement demander par écrit (fax ou courrier). La plupart du temps, c'est la déception en recevant le dossier mais c'est sans aucun doute la SAFER qui proposera les meilleures solutions! Une fois le dossier reçu : il faudra candidater avec un projet bien ficelé, puis un jury avisé le retiendra peut être.

Internet : le bon coin, terre de liens, immonot, Etc. seul le premier semble donner quelque espoir en Île-de-France, en cherchant "hectare" ou "ferme" on arrive sur des annonces parfois intéressante et même quelquefois des surprises... à des prix souvent surestimés! Des terrains, des fermes, des ruines sur de grands terrains : il faut appeler, demander, ne pas hésiter à voir si l'annonce s'adapte au projet agricole et visiter. C'est peut-être une des solutions qui permet d'avoir les pistes les plus susceptibles d'aboutir.

La chambre d'agriculture et son RDI sont totalement grippés et inefficaces dans la région.

Le réseau local, via la famille, les amis et les rencontres agricoles semble être le meilleur moyen de trouver la terre ou la ferme idéale, du moins viable. Mais c'est souvent de longs chemins, pas toujours très bien tracés qu'il faut pister jusqu'au bout pour obtenir des informations ou, mieux, des soupçons de solution. C'est une longue marche mais qui est la plus constructive dans le processus d'installation.

D'autres solutions existent... Je ne les ai pas testées (presse locale en particulier, cédants, etc.) une dynamique globale se développe, en particulier venant des collectivités. Des groupes de citoyens se mobilisent dans certaines communes.